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l'exigeante
11 septembre 2009

âmes sensibles s'abstenir

Je n'avais jamais lu de romans d'Emmanuel Carrère, écrivain prolifique entre autre de l'Adversaire, La moustache, La classe de neige, etc... Je viens de finir D'autres vies que la mienne, son dernier roman. Je n'ai pas choisit de lire ce livre, je n'en n'avais pas entendu parler, je n'en connaissais pas le sujet, il s'est trouvé par hasard dans mes mains, au gré de la ronde livresque à laquelle nous nous livrons, ma mère, ma sœur et moi... L'une achète un livre, le passe à l'autre qui le refile à la troisième. Le tout peut prendre un mois ou un an, c'est selon... Comme je ne pourrais pas, mieux que l'auteur, parler de son livre ni exprimer une partie des émotions que sa lecture à suscitée, je cite une partie de l'épilogue : "Chaque jour depuis six mois, volontairement, j'ai passé quelques heures devant l'ordinateur à écrire sur ce qui me fait le plus peur au monde : la mort d'un enfant, pour ses parents, celle d'une femme jeune pour ses enfants et son mari. La vie m'a fait témoin de ces deux malheurs, coup sur coup, et chargé, c'est du moins ainsi que je l'ai compris, d'en rendre compte. Elle me les a épargnés, je prie pour qu'elle continue. J'ai quelquefois entendu dire que le bonheur s'appréciait rétrospectivement. On pense : je ne m'en rendais pas compte, mais, alors, j'étais heureux. Cela ne vaut pas pour moi. J'ai longtemps été malheureux, et très conscient de l'être; j'aime aujourd'hui ce qui est mon lot, et je n'y ai pas grand mérite tant il est aimable, et ma philosophie tient tout entière dans le mot qu'aurait, le soir du sacre, murmuré madame Letizia, la mère de Napoléon : "Pourvou qué ça doure". Et une des phrases qui m'a le plus fait pleurer, dans cette vallée de larmes que fut le dernier quart du livre : Juliette, la jeune femme qui meurt d'un cancer en laissant ses filles de 6, 4 et 1 an : "Ce n'est pas possible. Elles ont trop besoin de moi. Personne ne les aimera jamais autant que moi". Et bien sûr, tout du long, j'ai repensé à l'agonie de Johanne, l'hiver dernier... à ses enfants... Au petit A. dont la maman, Roxane, est morte alors qu'il n'avait que 9 mois... À cette espèce d'angoisse gluante qui m'étreignait aux dernières vacances de février, quelques jours après la mort de Johanne, en réalisant que je n'étais pas immortelle, et que comme tout le monde je pouvais disparaitre du jour au lendemain, et que mes enfants devraient alors grandir sans moi... Je ne sais pas comment on peut grandir sans cet amour là, je ne sais pas comment ceux qui restent font en sorte que ce soit possible, même si l'image de la famille de Juliette après sa mort que dresse Emmanuel Carrère est loin d'être une image désespérée, même si les petites filles dont il parle se construisent "malgré tout" grâce à leur père, autour du souvenir de leur maman, souvent évoquée, par la parole, les photos, les visites au cimetière... J'ai en tout cas très envie de lire L'Adversaire, le roman sur le fameux Jean-Claude Romand, le mythomane qui a tué sa famille car il ne pouvait pas supporter de voir la vérité détruire la vie qu'il s'était inventée, vie de médecin, travaillant à l'OMS, malade d'un cancer...

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